Underneath the Stars

BRULURE D'ETOILE

Boîte à rythmes qui boite et puis guitare qui s’envole. Pour s’écraser aussitôt. C’était si beau et c’est déjà fini, les étoiles aussi meurent un jour.

Underneath the Stars aurait dû se déployer au-delà d’elle-même. On l’avait reconnue, il y avait cette façon de nous éloigner des rives, de nous attirer lentement à elle, de prendre des distances… Et puis ce sera tout : par la suite on la cherchera partout sans jamais la retrouver. Elle tend vers nos souvenirs le grand miroir de la mer pour mieux le briser enfin, elle nous achemine longuement, patiemment, vers un monde inouï qui disparaîtra avec elle. Underneath the Stars serait le morceau d’introduction d’un album qui n’existe pas.

De sa façon d’être comme à l’abandon ou de s’être échouée où elle n’aurait jamais dû, Underneath the Stars tire sa faiblesse ainsi que sa force. A la manière d’un sablier elle envahit l’espace en même temps qu’elle s’en retire, elle est encore là et elle nous manque pourtant, « so near and so far… » C’est parce qu’elle ne va pas plus loin, parce que nous nous retrouvons seuls avec elle, que nous ne pourrons plus l’oublier, elle qui nous laissera si vides d’avoir été si pleine.

Le rôle d’Underneath the Stars est moins d’introduire 4 : 13 Dream que de le hanter. Cette chanson fait rôder autour de 4 : 13 Dream des spectres qui ne devraient pas être là et l’on peut encore y entendre les fantômes de morceaux qui occupèrent sa place autrefois (Plainsong, Open…) Tout se passe comme si, de s’être retrouvée si seule, elle s’était elle-même peuplée. Chanson orpheline, elle a créé sa propre généalogie … pour la submerger aussitôt : Underneath the Stars joue avec notre mémoire mais n’est pas nostalgique pour autant.

Cette chanson mouvante où ce qui est proche un instant devient inaccessible l’instant d’après échappe aux règles habituelles de la composition musicale pour mieux épouser les formes amples de la grande respiration de la mer. Il semble qu’elle passe à travers nous comme nous traversent les vagues (« And everything gone / And all still to come ») et c’est moins la mer elle-même qui est peinte ici que les mouvements avec lesquels elle déplace nos corps. Même si leurs objets et leurs rythmes sont différents, Underneath the Stars et A Forest ont en commun la force irrésistible avec laquelle elles capturent le corps de celui qui les écoute pour le précipiter dans des lieux où il se retrouvera impuissant.

Underneath the Stars est la chanson d’un idéal trouvé et perdu tout à la fois. On y glisse très vite d’un ciel à un autre. Elle est moins cosmique (l’univers rêvé hors du temps) que climatique ; tout y est fluctuant, changeant, et c’est peut-être par là que l’on peut rencontrer Van Gogh. La voix y est comme déformée par les éléments à un point rarement atteint chez Cure et il arrive même un moment où le chant n’est plus fait que de paroles dont le sens se noie et de mots dont il ne reste que l’écume. Pendant le couplet final le chant semble être pris dans un maelström qui l’étire, le déchire et le brise enfin. Quelque chose est en train d’être aspiré, de nous quitter définitivement, et on ne peut rien y faire.

Ce qui marque avec Underneath the Stars c’est de voir combien cette chanson, tout en contemplant l’infini, reste à hauteur humaine. Robert Smith a souvent peint l’idéal amoureux (Before Three, par exemple, sur l’album The Cure) mais ce qui touche ici c’est qu’il en montre le passage. Chanson des espaces, Underneath the Stars n’en est pas moins une chanson qui subit les effets du temps : elle ne pouvait pas durer.

C’était tellement beau et c’est déjà fini. Il arrive un jour où les étoiles aussi finissent par nous brûler les yeux.

Waw, tu l'as vraiment mise en valeur

J'ai lu en même temps que j'écoutais la chanson et la synchronisation était parfaite !! J'ai même eu fini de lire au moment où la chanson s'arrêtait

Waw, Imagho !! L'orgasme Parfait où lecture et écoute culminent ensemble
Tu es un As

Bon je vais nettoyer mes Flots de poussière d'étoiles
si vite évaporés. A peine arrivé et déjà volatilisé



PS UPDATE : C'était bien une allusion cochonne ci-dessus
Enfin bon, bref,
Je voulais dire, Merci Imagho, je l'ai même lu une deuxième fois
J'aime beaucoup cette idée de texte à lire en écoutant la chanson
Parce que, parfois, en tant que fan, avec toutes les discussions et j'en passe
c'est tellement plus difficile de faire un RESET CLEAR de nos idées
qui chamboulent un peu notre nos ouvertures et notre CHi d'ouïe
et ça fait du bien de pouvoir se raccrocher à un flux d'idées
Qui guident les Vibes. Allé, Bon SurF les gars
Ah tu parviens à nous transposer dans cet état de Grâce et d'infinie Sagesse
que seuls les tous Grands FreeCuristes parviennent à atteindre

Merci Black Dog

LeChienNoir a écrit:

J'ai lu en même temps que j'écoutais la chanson et la synchronisation était parfaite !! J'ai même eu fini de lire au moment où la chanson s'arrêtait

C'était fait exprès

LeChienNoir a écrit:

PS UPDATE : C'était bien une allusion cochonne ci-dessus

Ah ben ça, ça ne m'étonne qu'à moitié

LeChienNoir a écrit:

Parce que, parfois, en tant que fan, avec toutes les discussions et j'en passe
c'est tellement plus difficile de faire un RESET CLEAR de nos idées
qui chamboulent un peu notre nos ouvertures et notre CHi d'ouïe

Oui, connaître "trop" bien Cure peut parfois nous faire passer à côté de certaines choses. Pour moi écrire des chroniques c'est justement une façon de les redécouvrir un peu.

LeChienNoir a écrit:

à ta santé !

Quelle merveille cette revieuw, d'autant que c'est ce qu'elle m'évoque, ce qu'elle me fait ressentir à chaque écoute. Je peux parler d'une profonde et douce affection pour cette chanson.
Merci Imagho merci et merci encore again and again.
J'ajouterai que je ne connais The Cure qu'avec mon coeur, aucune analyse, juste des émotions.

amulbu a écrit:

J'ajouterai que je ne connais The Cure qu'avec mon coeur, aucune analyse, juste des émotions.

Ah, voilà l'Etat de Grâce et d'Infinie Sagesse dont je parlais

Amulbu, FreeCurist number1

Merci pour tes impressions, amulbu

amulbu a écrit:

Je peux parler d'une profonde et douce affection pour cette chanson.

J'aime bien ce que tu dis, j'aime bien que tu en parles comme d'un être vivant. C'est un peu ce que je ressens aussi et qui fait que j'ai un peu peur quand je vois que ces chansons menacent trop vite d'être "oubliées". Surtout avec Underneath the Stars, chanson qui me donne le sentiment d'être engloutie à la toute fin...

Je reviens juste sur l'idée d'album "hanté" et de choses qui, justement, ne disparaissent pas comme cela. Je me trompe, amulbu, ou bien c'est quelque chose à quoi tu dois être particulièrement sensible ? En ce moment j'écoute beaucoup The Reasons Why et on peut aussi sentir cela, il me semble.

Je ne suis toujours pas un immense fan de cette chanson, malgré toutes les qualités de tes commentaires, Imagho, mais ça vient. Ca vient d'autant plus vite que, effectivement, il me semble aussi que cette dimension (la chanson qui hante l'album) est essentielle, et que c'est sans doute pour cela que j'ai moins accroché que pour les précédentes chansons d'ouverture.

Open, Want, Out Of This World et surtout Lost se suffisaient à elles-mêmes et selon moi, étaient à chaque fois plusieurs têtes au-dessus du reste de l'album. Elles ne hantaient donc pas l'album, elles étaient l'album à elles seules ou presque. Underneath The Stars, au contraire, diffuse son rayonnement à travers 4 : 13 Dream et nourrit les autres morceaux. En ce sens, c'est vrai qu'il faut remonter à Plainsong pour retrouver cela, et avant à One Hundred Years même...

Néanmoins, je trouve que, n'ayant pas la force évocatrice de ces deux glorieux prédécesseurs, Underneath The Stars n'aura pas la même "durée de vie", enfin je ne sais pas ce que vous pensez de cela...

Pour bien rentrer dans un morceau
j'ai tendance à penser qu'il faut oublier les autres albums


Je dirais même plus
Les autres line-up !!

Kotyk a écrit:

Open, Want, Out Of This World et surtout Lost se suffisaient à elles-mêmes et selon moi, étaient à chaque fois plusieurs têtes au-dessus du reste de l'album. Elles ne hantaient donc pas l'album, elles étaient l'album à elles seules ou presque.

Intéressant de voir comment chacun perçoit les albums. Pour moi, cette façon d'"être" l'album, comme tu dis, Kotyk, c'est peut-être Lost qui me la ferait sentir le plus.
Pour Open, il y a forcément l'écho avec End et puis un "son" ("noisy") qui donne le ton.
En ce qui concerne Out Of This World, j'ai toujours vu ce morceau comme une sorte de "persistance" (je ne sais pas trop quel mot employer) ayant traversé la décennie pour relier Bloodflowers à Disintegration.
Enfin, pour Want, pour moi ce n'est qu'un des éléments dispersés de l'album. Le morceau est fort et c'est probablement pour cela qu'il a été placé en début d'album mais il n'est qu'un début parmi d'autres.

Kotyk a écrit:

Underneath The Stars, au contraire, diffuse son rayonnement à travers 4 : 13 Dream et nourrit les autres morceaux.

Pour moi c'est exactement cela. Même si le "projet" à l'origine de 4 : 13 Dream est proche de celui de Wild Mood Swings (dixit Robert), ce morceau joue un rôle qui me semble différent de celui de Want.

imagho a écrit:

Merci pour tes impressions, amulbu

amulbu a écrit:

Je peux parler d'une profonde et douce affection pour cette chanson.

J'aime bien ce que tu dis, j'aime bien que tu en parles comme d'un être vivant. C'est un peu ce que je ressens aussi et qui fait que j'ai un peu peur quand je vois que ces chansons menacent trop vite d'être "oubliées". Surtout avec Underneath the Stars, chanson qui me donne le sentiment d'être engloutie à la toute fin...

Je reviens juste sur l'idée d'album "hanté" et de choses qui, justement, ne disparaissent pas comme cela. Je me trompe, amulbu, ou bien c'est quelque chose à quoi tu dois être particulièrement sensible ? En ce moment j'écoute beaucoup The Reasons Why et on peut aussi sentir cela, il me semble.

Merci Imagho
Non tu ne te trompes pas je suis effectivement très sensible au fait que rien ne disparaisse jamais réellement, il y a des évènements même lontains qui me hantent par périodes, y compris dans mes rêves.
J'ai tendance à être mélancolique ça explique peut-être en partie cela, plus une spiritualité bien personnelle qui malgrès moi m'empêche de m'encrer suffisamment à la terre que j'adore tant pourtant.
Lorsque j'ai écouté Underneath The Stars la première fois, elle m'a touchée en pronfondeur, limite à me faire mal et ça simplement par la musique et l'interprètation de Robert, je n'avais pas le texte et suis très mauvaise à la compréhension à l'audition lol.
JAMAIS je ne pourrai oublier cette chanson comme beaucoup d'autres.
Je suis d'accord aussi pour The Reason Why.
Et oui elles vivent en moi comme des êtres vivants, il n'y a aucun doute la-dessus.
Imagho

ps : j'aurais aimémieuxm'éxprimermais je suis un peu trop fatiguée ...

LeChienNoir a écrit:

amulbu a écrit:

J'ajouterai que je ne connais The Cure qu'avec mon coeur, aucune analyse, juste des émotions.

Ah, voilà l'Etat de Grâce et d'Infinie Sagesse dont je parlais

Amulbu, FreeCurist number1

Merci Tanguy

LeChienNoir a écrit:

Pour bien rentrer dans un morceau
j'ai tendance à penser qu'il faut oublier les autres albums

Moi aussi et c'est ce que j'essaie de faire lorsque j'écoute de nouveaux morceaux. Mais ce n'est pas toujours facile et c'est pour cela que j'aime bien connaître l'avis de ceux qui découvre Cure avec la sortie d'un nouvel album.

Tu fais bien de parler de cela avec ce titre d'ailleurs, Le Chien, parce que c'est quelque chose qui m'a un peu posé problème. D'habitude j'essaie de faire le moins possible référence à d'anciens morceaux de Cure. Mais il m'a semblé qu'avec Underneath the Stars il était difficile de ne pas parler de chansons d'ouverture comme Open ou Plainsong parce que j'ai vraiment le sentiment que cette chanson joue avec ce passé, volontairement. Je me trompe peut-être mais ça me semblait dur d'écrire une chronique sans passer à côté de quelque chose d'important si je n'évoquais pas les liens avec ces titres-là.

imagho a écrit:

et c'est pour cela que j'aime bien connaître l'avis de ceux qui découvre Cure avec la sortie d'un nouvel album.

Tout à fait !!


Sinon moi je n'ai pas eu de problème avec Underneath The Stars
simplement pcq c'est le genre de morceaux que j'aime bien chez The Cure
et que j'aimerais qu'ils en fasse plus

Avec "Going Nowhere" on en a eu que 2 en 8ans !!

amulbu a écrit:

Non tu ne te trompes pas je suis effectivement très sensible au fait que rien ne disparaisse jamais réellement, il y a des évènements même lontains qui me hantent par périodes, y compris dans mes rêves.
J'ai tendance à être mélancolique ça explique peut-être en partie cela, plus une spiritualité bien personnelle qui malgrès moi m'empêche de m'encrer suffisamment à la terre que j'adore tant pourtant.

Merci pour ta réponse, je ne sais pas pourquoi mais je m'en doutais un peu et puis je trouve que ce que tu dis de toi, ça va très bien aussi pour parler d'Underneath The Stars.

amulbu a écrit:

Lorsque j'ai écouté Underneath The Stars la première fois, elle m'a touchée en pronfondeur, limite à me faire mal et ça simplement par la musique et l'interprètation de Robert (...)

Pour moi aussi, il y a un moment où le chant de Robert devient presque douloureux, je me dis que c'est probablement parce qu'il touche à une angoisse très profonde. Du moins c'est la première idée qui me vient lorsque j'essaie de comprendre ça.

imagho a écrit:

amulbu a écrit:

Non tu ne te trompes pas je suis effectivement très sensible au fait que rien ne disparaisse jamais réellement, il y a des évènements même lontains qui me hantent par périodes, y compris dans mes rêves.
J'ai tendance à être mélancolique ça explique peut-être en partie cela, plus une spiritualité bien personnelle qui malgrès moi m'empêche de m'encrer suffisamment à la terre que j'adore tant pourtant.

Merci pour ta réponse, je ne sais pas pourquoi mais je m'en doutais un peu et puis je trouve que ce que tu dis de toi, ça va très bien aussi pour parler d'Underneath The Stars.

Imagho, tu sais ce n'est pas toujours facile de vivre avec une âme comme la mienne, il y a des avantages et des inconvénients qui se regroupent. Je ressens très fort tout ce qui est émotions, ça peut donc me faire très mal, être très pénible à vivre selon le sujet concerné et là je sors de l'univers musical ou me faire du bien.
Je pense que tu te rapproches de moi à ce niveau là, n'est-ce pas ?

amulbu a écrit:

Lorsque j'ai écouté Underneath The Stars la première fois, elle m'a touchée en pronfondeur, limite à me faire mal et ça simplement par la musique et l'interprètation de Robert (...)

Pour moi aussi, il y a un moment où le chant de Robert devient presque douloureux, je me dis que c'est probablement parce qu'il touche à une angoisse très profonde. Du moins c'est la première idée qui me vient lorsque j'essaie de comprendre ça.

Oui il doit y avoir de ça, je le pense aussi Imagho

amulbu a écrit:

Imagho, tu sais ce n'est pas toujours facile de vivre avec une âme comme la mienne, il y a des avantages et des inconvénients qui se regroupent. Je ressens très fort tout ce qui est émotions, ça peut donc me faire très mal, être très pénible à vivre selon le sujet concerné et là je sors de l'univers musical ou me faire du bien.
Je pense que tu te rapproches de moi à ce niveau là, n'est-ce pas ?

Peut-être bien Mais probablement surtout en ce qui concerne les émotions. En revanche, je pense être beaucoup moins sensible au domaine "spirituel" que tu ne l'es et c'est pourquoi ce que tu en dis m'intéresse beaucoup. Je pense que cette dimension est présente dans la musique de Cure, que l'on en parle peu et que ce nouvel album est peut-être celui qui l'aborde plus que tout autre. Je n'ai pas de souvenir de Robert abordant ce thème en interview mais en cherchant on doit pouvoir trouver. Encore des choses à explorer !

amulbu

Imagho, tu pourrais préciser un peu ce que tu entends par "spirituel" ? Je ne te suis pas très bien. Si tu as quelques pistes...

Le mot est peut être mal employé. Je pense tout simplement à ce qui touche aux esprits, aux morts qui sont encore là. En y repensant encore un peu je me dis que c'est quelque chose qui est peut-être présent depuis les tout débuts de Cure, dès Killing An Arab et qui va certainement se développer avec Faith. C'est plus une intuition qu'autre chose.
Pour préciser encore un peu, je ne veux pas parler seulement du thème de la mort mais des traces qui restent après elle.

Cela m'intéresse beaucoup mais ce n'est pas forcément quelque chose que je ressens directement. Je crois que d'autres personnes peuvent y être plus sensibles, c'est pourquoi je suis à l'écoute de tous les avis sur le sujet

Spiritualité .... en ce qui me concerne comme le dit Imagho oui ça touche aux esprits, aux "morts" en tout cas qui ne sont plus dans leurs vies sur terre physiquement, à tout ce qu'on ne connait pas une fois qu'on a quitté notre enveloppe charnelle, aux autres dimensions ... c'est vaste et difficile pour moi d'en parler avec des mots.
J'ai ça en moi depuis mes 23/24 ans.

Ca n'a en tout cas rien à voir avec les religions !

C'est beau ! Ca me fait penser à l' aura.

merci IMAGHO pour cette merveilleuse review, etre encore capable d'écrire de telles pépites à leur age je dis chapeau bas messieurs!

c'est une belle rewien qui nous fait voyager que par la beauté des mots !!!!
merci IMAGHO...