Seventeen Seconds - le remaster

Vos réactions...

ben là comme ça... "pffffffffff c'est trop long "

NiKoLa a écrit:

ben là comme ça... "pffffffffff c'est trop long "

J'te comprends, Niko ! Gardes-en sous le pied pour quand ils seront sortis peut-être, sinon tu risques de t'esquinter...

Et une pic de plus !

Comme Robert Smith et les remasters nous invitent à tourner quelques pages d’histoire, j’ai fait une traduction de celles que le disque nous propose, à savoir la partie du livret qui nous narre la « légende » de Cure. J’espère qu’elle sera utile à ceux qui, comme moi, ne sont pas très calés en anglais. Et qu’elle sera peut-être un point de départ possible pour des discussions autour des inédits et raretés de Seventeen Seconds.

(Il y a plusieurs passages qui m’ont posé problème, surtout ceux où il est question de technique, mais pas seulement. J’ai mis en italiques les principaux passages où je ne suis vraiment pas sûr de la traduction. N’hésitez pas à me faire part de vos propositions d’améliorations, par mp par exemple, j’éditerai le post en conséquence. Merci d’avance pour votre aide).


Avant même que The Cure ne sorte leur premier album, Three Imaginary Boys, Robert Smith avait déjà des idées assez claires sur ce qu’il voulait faire par la suite…

Il avait à l’esprit un socle de sons et de styles sur lequel devrait être bâti un second album. « J’écoutais Low de David Bowie, Five Leaves Left de Nick Drake, Live à l’Ile de Wight d’Hendrix, Astral Weeks de Van Morrisson et Suite de ballet : Gayaneh de Khachatourian », dit-il. « Je voulais que The Cure crée une sorte de musique hybride qui relierait d’une façon ou d’une autre ces cinq disques ».

Malgré un très bon accueil critique, certains aspects de Three Imaginary Boys ne lui avaient pas plu et il était déterminé à faire quelque chose dont il pourrait être totalement fier.

Mais dans un premier temps, Smith avait un problème à résoudre. Durant les derniers mois, une distance de plus en plus grande s’était installée entre lui et le bassiste, Michael Dempsey, dont la personnalité et les ambitions pour le groupe n’étaient pas du tout en accord avec les siennes. A peu près à la même époque, Smith se trouvait beaucoup plus de points en commun avec Simon Gallup, le bassiste d’un groupe local venant de Horley, les Magspies. L’amitié entre les deux jeunes hommes grandissait et, afin de tester leurs affinités musicales sans risquer inutilement de mettre en danger l’un ou l’autre groupe, ils eurent l’idée d’enregistrer quelque chose avec le facteur du coin, Franck Bell.

Il en résulta l’unique single I’m a Cult Hero, sous le nom de groupe Cult Hero. Bien qu’il s’agissait manifestement d’un projet secondaire, il fut tout de suite clair, et cela même pour Dempsey, que Gallup était à l’évidence un meilleur partenaire musical pour Smith que ne l’était Dempsey.

Toutefois, avant que Robert puisse prendre une décision concernant la composition du groupe, il restait des concerts à jouer. Quelques temps auparavant, Robert avait rencontré dans un bar Steve Severin, de Siouxsie and the Banshees, ce qui avait débouché sur l’obtention de la première partie pendant la tournée anglaise des Banshees. Commencé à Belfast le 5 septembre, le voyage connu un malheureux coup d’arrêt deux jours après, à Aberdeen, quand le batteur, John McKay, et le guitariste, Kenny Morris, quittèrent le groupe.

Après avoir rapidement auditionné plusieurs guitaristes pleins d’espoir, Siouxsie et Severin en vinrent à la conclusion que personne ne convenait mieux que Robert Smith et la tournée reprit avec Smith jouant à la fois pour The Cure et les Banshees.

C’est pendant cette période de dur labeur, après un concert au City Hall de Newcastle que le 3 octobre Robert écrivit une bonne partie des textes de Seventeen Seconds. « Beaucoup de choses affreuses et bizarres atteignirent un point critique cette nuit-là… Beaucoup de colère et d’angoisse. Je me sentais à bout de forces, submergé… et très seul.

Lorsque la tournée s’acheva enfin, le 15 octobre à l’Odéon d’Hammersmith, Smith rentra chez lui et se mit aussitôt au travail en composant des démos simples. « J’ai branché ma guitare Fender Jazzmaster sur l’orgue Hammond de mes parents ; utilisé comme une « boîte à rythmes », avec ses pédales de basse, et complété d’un magnétophone à cassettes, c’était tout ce dont j’avais besoin. Pendant cette période j’ai toujours voulu que chaque chanson puisse fonctionner avec aussi peu d’instruments que possible.

Quelques jours après, lorsqu’il joua les premières chansons à Dempsey, Robert fut consterné de voir que celui-ci n’aimait rien de ce qu’il entendait. Smith apporta aussitôt les morceaux à Gallup qui en tomba instantanément amoureux ; Gallup fut invité à rejoindre le groupe cette nuit-là. Le remodelage du groupe ne s’arrêta pas là puisque Smith invita également à bord de leur navire le claviériste Matthieu Hartley, musicien dans les Magspies avec Gallup.

« Malheureusement, soupire Robert, cette cassette home démo est une des rares à ne pas avoir survécu.

« Quand je suis arrivé, se souvient Simon, Seventeen Seconds, M, At Night et Play for Today étaient déjà écrites mais il y avait certaines chansons comme In Your House, Secrets et A Forest qui ne prirent vraiment forme que sur scène. »

C’est donc comme quatuor que Cure commence en janvier 1980 les répétitions pour l’album, dans la maison de Robert, à Crawley, et que quelques semaines plus tard le groupe retourne aux studios Morgan de Londres, où le premier album avait été enregistré, pour travailler à nouveau avec le producteur Mike Hedges.

Cependant, il était clair depuis le début que Hartley n’allait pas s’intégrer facilement. « Simon et Lol comprirent intuitivement ce que j’essayais de faire mais Matthieu trouvait cela un peu étrange, je pense », se souvient Smith. Toutefois, le groupe avait retrouvé de l’entrain, un esprit de camaraderie qui s’était pratiquement évaporé durant les derniers mois de la période Michael Dempsey.

Ils avaient eu une promotion en ayant accès au Studio One et à des équipements meilleurs que ceux dont ils avaient disposé auparavant mais, comme Smith le rappelle : « nous ne pouvions nous offrir que huit jours au Morgan si nous dormions à l’hôtel mais dix si nous dormions à même le sol dans le studio…alors nous avons pris nos sacs de couchage et nous avons fait comme si nous étions à la maison. »

Toute la première journée fut passée à « essayer des micros, tourner des boutons, trouver des sons. Une fois que nous avons trouvé les réglages de base, on n’y toucha presque plus pour le restant de la session. »

Parce que Smith avait été en désaccord avec de nombreuses décisions qu’il avait prises pour le premier album, Chris Parry, le chef de Fiction, fut de fait exclu du studio. « Nous voulions créer quelque chose d’unique, quelque chose qui nous soit propre, et nous ne voulions aucune interférence venant de l’extérieur. Je me souviens avoir été vraiment heureux, complètement chez moi, totalement obsédé par ce que nous faisions. »

Mike Hedges se rendit vite compte que The Cure avait évolué de façon significative depuis leur dernière collaboration. « J’ai réellement apprécié la direction musicale qui avait été prise – morose, atmosphérique et très différente de Three Imaginary Boys » explique-t-il. « Nous ne pensions pas du tout en termes de potentiels commercial ou populaire. Je n’ai eu pratiquement qu’à suivre les instructions de Robert. Il était vraiment décidé à ce que nous parvenions à créer un son bien précis. »

Et il l’eut. « A chaque chanson que nous faisions, dit Smith, je pensais : « Ah, c’est ça ! ». Je me revois en train de faire Play for Today et A Forest et penser : « oui, c’est la musique que nous devons faire ».

Cependant, comme leur temps de studio s’approchait de son terme, certaines économies s’imposèrent au groupe. Ce qu’illustre probablement au mieux The Final Sound. « C’était supposé être un morceau instrumental plutôt long mais la bande s’est terminée alors que nous étions en train d’enregistrer. Et Hedges ne nous l’a pas dit. En fait, le son que l’on entend à la fin est celui de la bande qui se déroule…Il savait que notre budget était très serré et qu’il ne pouvait se permettre de lancer une autre bande ; et je pense qu’il avait probablement deviné que de toute façon j’aimerais cette synchronisation !

Le dernier jour en studio, Smith autorisa Chris Parry à entrer afin de lui faire écouter ce qu’ils avaient accompli et constater simplement qu’ « il n’était pas trop content de sa première écoute. » « Il aurait voulu nous voir donner suite aux trucs pops comme Boys Don’t Cry et Jumping Someone Else’s Train, mais on peut mettre à son crédit qu’il se rendit compte assez vite que bien que nous ayons fait quelque chose de plus sombre, c’était encore parfaitement accessible. Avant la fin de la soirée, il nous disait que nous avions vraiment fait un disque merveilleux ! »

Sorti comme premier single extrait de l’album, A Forest entra suffisamment haut dans les classements anglais pour assurer au groupe son premier passage à Top of the Pops mais, aussi conscient qu’il l’était de l’importance vitale d’une telle apparition télévisée, Smith la détesta. « J’étais en train d’entrer dans cette période de ma vie où j’étais réellement « anti » tout ce genre de choses ; « anti » pensée dominante, « anti » attitude commerciale. Je ne voulais plus que Cure soit un groupe pop.

Le 3 mai 1980, Seventeen Seconds entra dans le top anglais des albums à la vingtième place, ce qui resterait sa meilleure position, performance sensiblement meilleure que celle de leur premier album. Maintenant, lorsqu’il regarde en arrière, Smith dit : « J’ai toujours pensé à Seventeen Seconds comme à notre album « inaugural ». C’était le premier album où je sentais vraiment qu’il s’agissait de The Cure.

Et, comme il attendait cela avec impatience depuis la sortie du premier album, il était déjà en train de dessiner un avenir international pour le groupe. « Lorsque Seventeen Seconds est sorti, remarque-t-il, nous jouions tout autour du monde sans trop nous soucier de l’Angleterre, ce qui était un projet assez radical à cette époque. Nous sommes allés en Australie et en Nouvelle Zélande et au retour, sans compter notre premier voyage en Amérique, cela eut pour conséquence de nous apprendre à ne jamais nous fier qu’à la seule réaction de l’Angleterre. Nous avions le sentiment d’être en mission et la plupart de nos performances live reflètent cet état d’esprit. Il y avait une vraie passion dans ce que nous faisions et les gens commençaient à le ressentir. Nous savions que de nouveaux horizons étaient en train de se dévoiler. »

Le temps venu, ces horizons s’avèreront être d’un bon soutien lors de moments effectivement très difficiles…

Johnny Black



On n’apprend pas beaucoup de choses nouvelles mais il y a quand même la mention de cette cassette de home démos qui a définitivement disparu, et puis l’anecdote de l'enregistrement de Final Sound (choses que je ne connaissais pas). Sinon, j’ai essayé de trouver des images du studio Morgan mais je n’y suis pas arrivé.

merci imagho!!!!

idem pour final sound... c'est fou ce genre de detail

un grand merci pistolero

NiKoLa a écrit:

idem pour final sound... c'est fou ce genre de detail

Clair ! "Le son de la bande qui se déroule" ! Trop fort ! Depuis que je connais cet album, je me suis toujours demandé pourquoi il y avait ce raté sur la dernière note de The Final Sound et cet enchaînement immédiat sur A Forest. Vraiment singulier, comme anecdote !

Et merci infiniment, Imagho !
Mais dis donc, c'est du gros boulot, cette trad' ! Il pleuvait à Montpellier, ce week-end, ou quoi ?

Imagho t'es de montpellier?

L'Herault, c'est mon département d'adoption... st guilhem le desert, les gorges, le pont du diable...

J'y ai vécu un an aussi. Quelle ville classe ! Et c'est vrai que l'arrière pays est vraiment superbe ; d'ailleurs, je vais y passer ce week end...
Je sais même pas si t'es de Montpellier, Imagho, mais comme tu en as déjà parlé une ou deux fois, j'en fais la déduction...

Je ne connaissais pas non plus cette anecdote de l'enregistrement de Final Sound !
Bien à nouveau grand merci à toi Imagho, je ne me lasse jamais de lire et relire l'histoire de The Cure

Kotyk a écrit:

je me suis toujours demandé pourquoi il y avait ce raté sur la dernière note de The Final Sound et cet enchaînement immédiat sur A Forest. Vraiment singulier, comme anecdote !

Je ne sais pas combien de fois le titre a été joué en concert mais cela n'a pas dû être souvent.

En tout cas la version du remaster est vraiment surprenante puisque, encore plus que sur l'album, The Final Sound semble se fondre complètement dans la chanson qui la suit. Elle est à la limite de ne pas exister, ce qui finalement correspond assez bien à ses conditions d'enregistrement...

Surprenante, cette version de Three, alt studio mix, non ? M'étonne que LGG ne se soit pas encore exprimée dessus, elle qui est une grande fan du morceau...
J'aime beaucoup les demos de Secrets et Another Journey By Train : on a ici affaire à une étape importante dans la gestation des morceaux, encore imparfaits mais dont les grandes lignes sont déjà largement tracées.
Erreur dans les notes de pochette à propos des vesions live de Seventeen Seconds et In Your House : elles ne datent pas de janvier 80 ; ce concert donné au Melkweg d'Amsterdam a eu lieu le 12 décembre 1979, les amateurs de boots le connaissent bien, c'est un classique.
Un petit détail comme je les aime : sur la version live de M (Arnhem 24.05.80), l'intro se fait de façon un peu sèche à la basse, alors qu'une semaine plus tard, par exemple à Herford 31.05.80, elle se fait à la guitare sur laquelle enchaîne directement un martellement de batterie et cette intro restera la même jusqu'en 82. Ce n'est qu'à partir de 83 que cette intro redeviendra quasiment conforme à la version originale, uniquement à la guitare avec un blanc juste derrière...
Voilou, c'était le p'tit dékortykage du professeur Kotyk !