Salut,
Voici ce que j'ai pensé de cette dernière date vécue + le ressenti par 2 autres camarades de webzine:
https://addict-culture.com/the-cure-tour-2016-2/
pour juste ma partie de live report:
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Live report Paris 15/11/2016
Difficile pour moi d’être objectif avec le groupe. J’ai eu tellement d’émotions qui se sont percutées avec ma propre sensibilité de vie, des souvenirs datant d’une époque désormais lointaine. The Cure devenu à force d’abnégation un dinosaure indéboulonnable au sein des rares gloires survivantes des nostalgiques années 80 (pour celles et ceux qui avaient la tignasse ébouriffée et les humeurs remplies de spleen). Une musique rescapée d’une genèse entamée dans un pub de Crawley (The Rocket) et programmée presque 40 ans plus tard sur une tournée pantagruélique qui nous fit l’honneur d’une date parisienne à guichet fermé.
Mon onzième concert des anglais avec la particularité non anecdotique de vivre l’évènement pour la première fois non pas dans la fosse aux corbeaux mais dans les gradins de l’AccorHotels Arena dont le concepteur n’aura sans doute pas eu un grand soucis du « handicap » occasionné pour les personnes de mon envergure devant la toise. A ce désagrément relatif s’ajoute une ambiance de sénateurs, mes voisins de gradin n’étant pas vraiment d’humeur très rock’n’roll. Bref, des conditions qui ne me permettront pas de savourer à sa juste valeur la première partie pourtant alléchante assurée par les écossais de The Twilight Sad.
Sur les spirales hypnotiques de Tape/Open, l’icône vivante et sa chemise noire à paillettes déboule sur la scène accompagnée de ses quatre sbires. Si le chanteur clame qu’il ne sait pas ce qu’il fait ici, ce n’est pas le cas d’une foule qui en prend plein les mirettes. Grondement dans l’assistance sur les riffs multicolores du saisissant All I Want exécuté avec panache. Un titre que je souhaitais voir sur la setlist après avoir fait brûler une dizaine de cierges : Vœu enfin exhaussé !
La suite est du grand classique et frise même la sensation d’avoir des protagonistes sous pilotage automatique. Il faut dire que dès l’amorce de Lovesong , morceau de choix non réputé pour ses déflagrations loud, je comprends assez vite que la machine n’a pas le désir de faire dans la nuance. Chaque titre est joué à forts décibels au détriment sur certains morceaux de quelques finesses harmoniques. Exemple encore plus frappant sur Before Three qui aurait mérité à mon sens un meilleur traitement. Petit à petit, je découvre un Robert Smith sur une certaine réserve vocale. Une fatigue bien compréhensible qu’il arrive à contourner avec habileté en transformant notamment le sémillant A Night Like This en quasi slam new-wave. L’instant est par contre plus dommageable lorsque le rendu se trouve confiné dans une sorte de gloubi-boulga auditif. Quelques bémols auxquels viendront s’ajouter un présence quasi fantomatique de Roger O’ Donnell dont le seul moment notable aura été entendu clairement sur ses nappes de synthé de Trust, oasis perdu au cœur d’une jungle plus bourdonnante.
Pour autant, je ne peux bouder mon plaisir sur l’inusable From The Edge of The Deep Green Sea et le solo stratosphérique de Reeves Gabrels, implacable guerrier des six cordes. Idem avec la prestation de bout en bout magistrale de Simon Gallup, toujours hautement perché sur des ressorts et, de fait, contrastant avec un ensemble bien plus statique.
Le grand moment de la soirée se décomposera en quatre moments de grâce : Un premier rappel qui sera initié de manière magique et poignante avec It Can Never Be The Same, véritable crève-cœur prouvant l’éternel génie d’écriture de Robert Smith. Enchaînement sur Burn, livré avec la panoplie rythmée de Jason Cooper. Là encore, la réjouissance de découvrir pour la première fois un titre d’une richesse atmosphérique aussi sombre que captivante. Dans la foulée, The Cure exécute Play For Today avec en prime la liesse du public qui entonne à l’unisson le mythique riff instrumental du refrain. Estocade dans les arborescences jouissives sur fond vert de l’extatique A Forest. La messe (noire) est dite !
Il restera à achever la tâche avec une pléiades de hits, histoire de soulever mes voisins de leur sieste. Un light-show à la hauteur venant amplifier le plaisir redoutable de l’indémodable succès de ces perles bien connues de tous… Clap de fin donc sur un chapelet de tubes et la sensation étrange de voir partir le groupe à jamais, comme si cet au-revoir était, hélas, un adieu… Repartir alors de cette salle avec des images récentes et anciennes dans la tête puis retrouver ses amis curistes pour un after très batcave du coté du Supersonic. Le post-rock félin de Kas Product venu pour l’occasion en live histoire de retenir encore l’instant précieux. Malgré tout ce noir, la nuit fut quasi blanche !