Ouais, je n'étais pas aux Vieilles Charrues, mais sur tout ce que j'ai pu constater, je suis largement d'accord avec toi.
Côté ambiance et organisation, c'est vrai que Belfort n'était pas top : loin du parking, trop de queue pour la navette, trop de queue pour la bière, et tout était cher et pas bon. Robert a dit que cette année il avait choisi en gros les festivals qu'il préférait, mais on voit bien qu'il n'a jamais vécu les Eurocks de l'autre côté de la barrière ! Je crois surtout que le plus attractif, c'était le cachet : le Gros est quand même devenu un bon matérialiste gestionnaire, ces derniers temps !
En tout cas, on en parlait avec Le Clan, le Paléo était infiniment mieux organisé, plus sympa, bref globalement nettement plus agréable. Si on ajoute qu'on a aussi eu un temps idéal (ce qui n'était pas vraiment le cas à Belfort, inutile d'y revenir !), il est clair que, hors concert, le festival que j'ai préféré était de loin le Paléo.
Niveau son, Belfort était pour moi assez proche de la perfection, bien que Roger et Reeves aient été en retrait par rapport au reste, mais rien de choquant. Au Paléo, par contre, c'était plus aléatoire, on aurait dit parfois que le vent tourbillonnait et altérait le son, mais il n'y avait pas un souffle de vent ! Je n'ai pas bien compris...
Pour la qualité d'interprétation des morceaux, honnêtement, c'est difficile de faire la différence ; cette année, l'interprétation est souvent parfaite, très maitrisée, avec peu de pains comme Robert ou Roger savent parfois en mettre. J'ai quand même souvenir d'un Sleep When I'm Dead plutôt foiré, mais le groupe avait été perturbé par une averse résiduelle et un rebâchage partiel de la scène, ce qui peut expliquer cela. Au Paléo, le solo de Robert sur Pictures Of You était un peu approximatif ; de là à parler de pains ou de foirage, ce serait exagéré. Vraiment, dans ce domaine, le groupe est au top cette année !
Un point à signaler cette année, c'est la communion de Robert avec le public, bien qu'il soit toujours aussi peu bavard. Je regrette quand même l'époque, en gros 84-92, où il parlait beaucoup et annonçait la plupart des morceaux. Mais il a gommé cette distance (sûrement due à la concentration) qu'il affichait depuis une dizaine d'années, et qui avait été flagrante par exemple aux Vieilles Charrues 2002 où il n'avait parlé que deux fois (je m'en rappelle bien : I'll talk a bit more later avant The Drowning Man et A very new song avant Cut Here). Il a aussi bien compris que le moindre de ses entrechats déclenchait l'hystérie dans le public et il en a beaucoup joué, davantage à Belfort qu'au Paléo. A Belfort, il a aussi ajouté quelques grimaces opportunes et une ou deux rigolades de bon aloi, ce qui a rendu l'ambiance chaleureuse et sympa. Au Paléo, il a failli démarrer sur le mauvais morceau pour The Caterpillar, alors il a temporisé et a fait profiter le public de son erreur. On le constate aussi dans ses interviews webcastées, cette année, le gros est particulièrement heureux d'être là et il le montre. Pour moi, c'est un des points essentiels de la réussite de ces concerts.
Reste le dernier point qui, d'habitude, est pour moi le plus important et qui cette année est devenu souvent secondaire (mais pas toujours) : les setlists. L'ordre des morceaux a souvent varié, mais les morceaux eux-mêmes assez peu. Je continue à rêver à des setlists aussi variées que ce qu'ils ont pu faire au Swing Tour en 96, mais c'est maintenant loin derrière nous. De très nombreuses chansons ont été jouées à tous les concerts : des singles (High, In Between Days, Just Like Heaven, Boys Don't Cry, Lovesong, Lullaby) mais aussi des morceaux plus durs ou plus rares (Push, Bananafishbones, Doing The Unstuck, Want) et ces derniers toujours très réussis et avec beaucoup de bonheur. Des setlists souvent bien équilibrées avec quelques boursoufflures (Trust, The End Of The World) et quelques divines surprises qui font la différence : The Kiss à Belfort, et surtout 4 chansons de The Top au Paléo ! C'est ce dernier détail qui, pour moi, emporte le pompon : j'ai préféré le Paléo, surtout pour la conclusion sur The Top, mais aussi pour l'ouverture sur Shake Dog Shake et pour The Lovecats et The Caterpillar dans le set principal. Et tant pis s'il a fallu massacrer les rappels, c'était le prix à payer pour de si bonnes surprises. Avoir eu The Top en 2012, ça m'a rappelé d'avoir eu The Snakepit ou All Cats Are Grey en 2000 à Paris ou Forever à Lyon en 92 : un morceau rarissime et très intense, qu'on n'entendra sans doute plus jamais, mais pour lequel on a eu le bonheur d'être là une fois dans sa vie ! Peut-être ceux qui étaient aux Vieilles Charrues ont eu le même sentiment pour Fight, ou ceux qui sont allés en Espagne l'ont ressenti avec Just One Kiss.
Alors c'est vrai, comme le dit Cureman, que ces setlists ne resteront ni comme les meilleures, ni comme les plus audacieuses, mais il faut reconnaître que le groupe a trouvé un parfait équilibre pour un festival où l'on trouve à la fois des fans hardcore, des gens qui aiment Cure mais sans plus, et des novices. Pour que cela soit plus représentatif de l'ensemble de leur carrière, il aurait peut-être fallu moins de chansons de Wish, une chanson de Bloodflowers et une ou deux supplémentaires des 4 premiers albums (A Strange Day, Fire In Cairo, ce genre de morceaux vieux mais accessibles). Mais la présence de nombreux singles ne me choque pas : il n'y a pas eu que ça, ils ont été très bien interprétés, et certains choix ont même été surprenants (The Caterpillar, Mint Car,...).
En conclusion, je dois dire que ça faisait longtemps que je n'avais pas vécu des concerts aussi chouettes, à l'aise une décennie (bien que j'aie beaucoup aimé Saint-Malo 2005, mais pas autant). Depuis plusieurs années, je m'énervais régulièrement sur le Gros, le trouvant ingrat, mou du genou, opportuniste,... Les deux concerts 2012 m'ont finalement facilement convaincu que si je suis resté curiste pendant toutes ces années un peu creuses, ce n'est sûrement pas un hasard !