Réintégration

Et si on parlait un peu de cette chanson ou Robert semble se dévoiler avec, pour une une fois, un peu moins de sournoiserie.

A chaque écoute, des interprétations différentes sont découvertes, elle semble difficile à comprendre (comme beaucoup d'autre), mais la sincérité qui se dégage de cette chanson mérite peut etre de s'y attarder plus longuement.
Elle aurait constitué une fin splendide à la carrière de ce groupe, mais la foule l'a appelé, à nouveau.....

Imagho, cette song peut permettre de disserter sur un de nos sujets de prédilection.....

Si elles vous inspire des commentaires, qu'ils soient écrits.


(Il éxiste une version "féminine" de cette song du groupe Décadence dans un album Tribute to the Cure qui suggère une autre approche des thèmes abordées)

" Let's go to bed"

(Et si …

Disintegration est le seul album de Cure dont la chanson titre n’est pas la conclusion (c’est ce que tout le monde dit en tout cas). Est-ce si sûr ?

The Kiss est en tête de Kiss me Kiss me Kiss me et To wish impossible things flotte quelque part au-dessus de Wish. Mais on voit bien que, dans ces deux cas, la relation des titres est « biaisée », indirecte : quelque chose y manque ou s’y ajoute qui nous dit que ces titres de chansons-là ne suffisaient pas à « résumer » (l’âme / la direction / … de) l’album. Cela est visible, à l’œil nu : titres longs / titres courts. Disintegration est un cas unique : les titres, longs bien que constitués d’un seul mot, sont les mêmes. On sait quelle importance avait ce titre pour Robert Smith. On sait que ce titre « précédait » l’album (si mes souvenirs sont bons, sinon n’hésitez pas à me corriger), qu’il en était l’horizon, l’aube et le crépuscule. Etc.

Disintegration est le seul album de Cure dont la chanson titre n’est pas la conclusion (c’est ce qui se dit en tout cas). Est-ce si sûr ?

La chanson n’est pas finale. La chanson n’est pas finale mais celle qui l’est ne porte pas de titre, comme s’il lui était impossible d’en porter un, comme si en porter un aurait été une « trahison ». Comme si elle n’était pas vraiment là. Il y a peut-être une piste à suivre qui consiste à n’en faire qu’à sa tête, qu’à son cœur, et qui consiste à dire, contre tous : Disintegration se termine avec Disintegration. Homesick ? (rappelons qu’elle manque sur la version vinyle) Untitled ? (chanson anonyme). Des fantômes (de Disintegration) ? Pourquoi pas ? (Elles pourraient n’en être que plus belles).

Il y a beaucoup à dire sur Disintegration (en fait, pour ma part, je n’en ai rien dit… ). Ce qu’en dit Babble ne la rend que plus intrigante (et j’espère que tu nous en diras plus encore )).




Sinon, comme soledad : pas envie d'en finir...

Pareil...
Pas très bien compris... (je suis une véritable cruche...)
Tu parles de Disintegration ou de Let's go to bed ???

Je garderai à jamais dans ma tête :

"but i never said i would stay to the end so i
leave you with babies and hoping for frequency
screaming like this in the hope of the secrecy
screaming me over and over and over i leave
you with photographs pictures of trickery
stains on the carpet and stains on the scenery
songs about happiness murmured in dreams
when we both us knew how the ending would
be..."

Ca m'effraie un peu...

Et de Let's go to bed :

"It used to be the dust that would lay here
When I came here alone"

Lina

Je me permets de donner un indice :

http://equinoxe-records.com/en/imaginary.php

remonte petit topic, les remasters sont passés



"oh i miss the kiss of treachery the aching kiss
before i feed the stench of a love for a younger
meat and the sound that it makes when it cuts
in deep the holding up on bended knees the
addiction of duplicities as bit by bit it starts
the need to just let go my party piece "


mais qu'est ce que ce baiser?
Mais qu'elle est donc cette viande plus jeune?
y aurait il une relation entre la duplicité et la perte d'une partie de son individu?
Retrouve t'on cette idée de duplicité dans cette song et mème peut etre dans d'autres?

Oh lààààà !!!!! La moquette est puissante, cette année !!!

au fait pourrait il s'agir d'une mère? D'une relation entre un fils et une mère?

désolé, mais parfois je la perçois de cette manière cette song, sans pouvoir vraiment l'expliquer.

N'est ce pas la face b de Lovesong?

soledad a écrit:

"Things got very intense, we put songs like Disintegration into a key that I can't see so it hurt me. It sounds really good from a physical point of view."

"Les choses deviennent très intenses, nous mettons des chansons comme Disintegration dans une clé que je ne peux pas voir ( ) alors ça me fait mal. Ca sonne vraiment bien, d'un point de vue physique..."

Euh, j'ai fait du mot pour mot... Rien capté non plus...

Moi je n'ai rien compris au topic entier

Je ne pense pas qu'il faille checher à comprendre Wild

amulbu a écrit:

Je ne pense pas qu'il faille checher à comprendre Wild

bah quand lis quelque chose, mon but c'est d'essayer au minimum de comprendre...
enfin, là je vais suivre ton conseil Amulbu

J'avais lu une interview de l'époque où il précisait que le titre était à propos de son "effondrement" personnel d'où le titre "disintegration". Comme parfois, les paroles sont un melange de plusieurs textes à la base qui lui rappelle cette situation (de désintégration) mais n'en traite pas directement (à part "how the end always is"). C'est quelque chose de typique de l'écriture de Robert Smith.

En gros les couplets, me semble-t-il, se réfèrent à la vie du RS "célèbre". Le baiser de la traitrise, c'est le succès en lui même, comment on est obligé de trahir ou de compromettre son idéal pour arriver à ce stade. Il peut se projeter/extrapoler ou exprimer cette peur.

"I leave you with babies". Bizarrement me souviens d'une autre interview où il disait qu'il ne voulait pas être père, mais que sortir des albums c'était une manière anormale d'avoir des enfants. Quelque part il a enfanté ceux-ci. Cela renforce ce côté qu'il parle de lui-même, de sa vie publique.

Younger meat... les fans ? Nous ne sommes faits que de chair après tout...

Enfin, bon tout ceci n'est qu'une interprétation de ma part. Demandez lui la prochaine fois que vous le verrez...

En concert, après 89, il chantait souvent "how the ending would be" ("comment la fin serait"). Comme si la "désintégration" avait eu lieu. (la fin du groupe/la fin du RS qui aspire à la perfection et qui se perd en chemin, je ne sais pas !)


"Things got very intense, we put songs like Disintegration into a key that I can't see so it hurt me. It sounds really good from a physical point of view."

"Les choses sont devenues très intenses, nous avions mis des titres comme Disintegration dans un format que je ne peux comprendre pour que cela me fasse mal. Cela sonne très bien d'un point de vue physique."

Traduction sans le mot à mot. Le point de vue physique c'est la puissance sonore du titre. Le "format" choisi semble être celui de l'imaginaire 'pas réellement arrivé', comme s'il imaginait la fin de sa vie créatrice et en retirait une douleur inspiratrice...

Sur ce... (n'hésitez à pas discuter ce que je raconte ! Ce n'est qu'une vision)

Merci et bravo pour ta traduction, Descent ; ça a quand même une autre gueule que la mienne !

Quant à ton interprétation, à part peut-être "younger meat" qui me laisse sceptique, je la trouve très pertinente et elle me semble bien cerner l'état d'esprit de cette mystérieuse et monumentale chanson... Désolé, pas mieux, vraiment !

Kotyk a écrit:

Merci et bravo pour ta traduction, Descent ; ça a quand même une autre gueule que la mienne !

Quant à ton interprétation, à part peut-être "younger meat" qui me laisse sceptique, je la trouve très pertinente et elle me semble bien cerner l'état d'esprit de cette mystérieuse et monumentale chanson... Désolé, pas mieux, vraiment !

Parfois le mot à mot en Anglais, cela ne marche pas du tout. Et le mot "key" a plusieurs sens par exemple. Il a aussi une connotation musicale : "ton".

T'as sans doute raison pour "younger meat"... peut être parle-t-il de sa propre jeunesse ? Et aussi, l'histoire de "needle" (aiguille) dans les paroles, si on rattache cela à la drogue (à laquelle on pense de suite) ce n'est pas assez subtil et trop direct. L'aiguille symbole la douleur je pense...

oui pour "younger meat", j'ai supposé une relation avec l'enfance, ou les souvenirs d'une enfance, d'un passé qui réapparaitraient et la manière dont ils seraient traités.

heu peut etre

la voix sombre et étrange, presque inhumaine, comme une ombre qui s'immiscie et surgit d'autre fois, la voici lorsqu'elle accompagne l'autre (Comment la qualiferiez, la caracteriseriez vous?):

1.
" let go my party piece "

( mais que chante t'il entre ces deux parties?)

2.
" it cuts in deep"
"duplicities"
"bit it starts the need to just let go my party piece"

3.
Rien?

4.
"breaking apart like i'm made up of glass
again"
"holding my breath for the fear of sleep again"
" over and over and over"


5.
"for the love
of the crowd and the three cheers from
everyone"
"ever feel whole again "

6.
"screaming like this in the hole of sincerity
screaming me over and over and over "
"how the end always is"

Peut etre qu'il manque des paroles, j'ai l'impression de l'entendre à chaque mots.

Disintegration

HORS CHANT

A essayer de rassembler les morceaux de Disintegration, chanson née d’un éclat de verre, on se risque à éclater soi-même. Difficile d’aller chercher Disintegration et quand on pense l’avoir trouvée, il suffit d’un instant d’inattention pour la perdre à nouveau…

(Alors qu’il venait tout juste de la prendre pour épouse, Orphée avait perdu Eurydice une première fois, mordue par un serpent. Pourtant, refusant cette mort trop hâtive, le chantre divin usa de sa voix et de sa lyre pour s’ouvrir les portes du royaume des ombres et obtenir d’Hadès la permission de lui reprendre Eurydice. Cette faveur, cependant, fut accordée à une condition : que les regards d’Orphée ne se porteraient pas sur sa bien-aimée avant qu’il n’ait rejoint la surface. Sur le chemin du retour, alors qu’il touchait à son but, Orphée céda un instant à son désir et se tourna vers Eurydice, qui fut perdue une seconde fois et à jamais. How the end always is…)

Disintegration pourrait être cela : une chanson qui s’interroge sur ce qui se passe lorsque remontent à la surface les choses du passé, une chanson qui, tout comme Orphée (qui sera mis en morceaux par les Bacchantes), finira par porter les marques de ce qui la travaille et la ronge : une image obsessionnelle de la perte. Perte de l’être aimé, perte de soi, de l’estime de soi, de son intégrité, morale et physique.

Cette chanson est comme le lieu où se joue la scène inlassable du flux et du reflux, traversée par deux mouvements inverses mais d’intensités égales : dans un premier temps Disintegration tombe en morceaux et dans un deuxième temps elle cherche à les recoller. C’est son supplice à elle (chez Hadès, le chant d’Orphée croise, parmi d’autres, Sisyphe). On y trouverait autant d’images de ce qui éclate (les bruits de bris de verre), de ce qui tranche (les guitares semblent parfois des lames), de ce qui sépare (le désir y est proprement coupable) que d’images de ce qui essaie de rassembler. A ce titre, la rythmique occupe une place essentielle : imperturbable du début jusqu’à la fin, la batterie tient sa cadence comme on tient à sa vie et, dans une chanson où il est question de corps qui part en morceaux, la rythmique, paradoxalement, courageusement, « fait corps ».
Cette chanson ressemble à son titre : son étirement fait redouter un éclatement mais, à l’image de ce mot unique, elle réussit tant bien que mal à contenir les forces qui la tiraillent.

A peu près à mi-parcours, la musique devient discontinue, on dirait qu’elle se met à s’effriter, à « scintiller », on a le sentiment qu’elle est en train de faiblir et de disparaître. C’est alors que, peut-être dans l’espoir de maintenir un lien, Disintegration se met à accumuler les mots.
Comme une évidence : Disintegration est une chanson de mots, une chanson comme s’il n’avait plus été dit de mots depuis longtemps et comme si on attendait d’eux qu’ils puissent combler un abyme. Après eux les choses ne seront plus les mêmes (et il semble que Disintegration se tienne exactement au point de non retour qu’occupe Eurydice au moment où Orphée se tourne vers elle). Plus on avance dans cette chanson et plus les espaces entre les mots se réduisent et les temps de respiration se font rares. Avec Disintegration, il semble que Robert Smith aille jusqu’au bout de son chant, et plus loin encore : au terme de la chanson on a le sentiment d’être passé hors chant. (Quinze années plus tard, une chanson comme Lost empruntera un sentier similaire)

Cependant la voix elle aussi porte les marques d’une menace de délitescence : parfois des effets, des bruits de voix, comme des Bacchantes, la (dé) doublent, l’éparpillent et d’autres fois cette voix prend des accents fragiles et cassants comme du verre. Le thème de l’éclatement du corps est central dans Disintegration et plus encore que d’intégrité morale ou même artistique, c’est d’intégrité physique dont il est question ici. La musique de Cure est marquée par la perte du monde (des origines) ainsi que par le désir de renouer avec lui.
Ce qui n’est pas chose facile : Orphée a pu se rendre chez les morts mais il n’en a pas pour autant ramené sa bien-aimée : « it’s easier for me to get closer to heaven than ever feel whole again ».

En début de chanson on entend un cri faible, un cri lointain qui ressemble au souvenir d’un cri éteint : un écho. Il se peut que Disintegration ne soit « que » cela : la tentative d’en retrouver la source.

Super review ! Félicitations !

Cela vaudrait le coup de "sortir" un fanzine ou périodique avec tous les textes, illustrations, photos... pour garder une trace tangible de tout cela.

Encore bravo Imagho et Muriel.

Wouawwwww
Magnifique
Elle vallait le coup de se faire attendre un peu cette revieuw

Encore une fois, j'aimerais que Robert puisse lire tes interprétations .....

Merci Imagho

et à mumu

Je vois pas ce qui vous met dans un tel état, on a l'habitude, non ?


Nan, Imagho, j'déconne ! C'est encore une fois superbe, tant par le fond que par la forme ! Comment s'en lasser ? Merci Merci Merci !

Merci à tous les trois (oui, oui, Kotyk, même à toi )

C’est vrai, Amulbu, que cela a mis du temps avant que j’aie enfin le sentiment que cette chronique pouvait être « publiée ». Et cela me fait d’autant plus plaisir de voir que vous êtes toujours là pour faire partager vos impressions. Disintegration est une sorte de puits sans fond et ce n’est peut-être pas un hasard si on y retrouve l’image d’une chute sans fin « dropping through sky… ».

Un petit mot aussi pour remercier muriel qui, malgré son emploi du temps, a répondu immédiatement favorablement quand je lui ai demandé d’accompagner ma chronique. Comme je le lui ai déjà dit, il y a beaucoup de choses que j’aime beaucoup dans son dessin et notamment la belle idée de tendre un miroir à quelqu’un qui tourne le dos.

Sinon, Descent, j’avoue que j’aimerais un jour passer à une édition sur papier mais j’ai l’impression qu’il me faudra encore beaucoup écrire avant d’avoir suffisamment de matière et franchir le pas…

Vraiment, cette analogie avec Orphée et Euridyce est sacrément pertinente ! Il fallait y penser...

Sinon, Imagho, pour ta (future) version papier, tu en es à combien de chroniques en tout, albums et chansons confondus ?

bravo imagho et muriel ... très classe